Le froid avance, inexorablement avance,
Et annonce cet hiver. Un hiver glacial sûrement.
Je sens mes membres fléchir dans le noir et le vent,
Je vois les rues s’éteindre pour se vendre au silence.
Seule la lune se joue de ce noir lugubre,
Et réchauffe le ciel d’une flamme argentée.
Mais l’hiver est puissant et son souffle susurre
La fin d’une saison que l’on doit oublier.
On voit des gens courir, pour fuir cette pluie.
On voit des gens prostrés qui souffrent le martyr ;
Ces gens qui sont là, sans endroit où dormir,
Et qui bravent le froid, sans l’avoir choisi.
C’est l’hiver qui arrive, lentement mais sûrement
Et amène avec lui son cortège de douleurs.
Pour nous l’hiver c’est quoi, un été, un printemps,
Quelques mois à passer à se serrer les dents?
Ah, qu’est-ce qu’il nous coûte de passer un hiver,
Ce n’est plus un gilet mais deux pull-overs !
Le soir lorsqu’on rentre d’une fête entre amis,
Notre regard se porte vers la nuit étoilée ;
On sait que l’on va passer une bonne nuit ce soir,
Se coucher et dormir dans un bon lit douillet.
D’autres au même instant ne peuvent la regarder
Ils sont là immobiles, calés sur le sol froid,
Et la nuit leur fait peur, comme le loup autrefois,
Cette nuit leur fait peur, et nous on la contemple…
Qu’il est terrible de savoir ces hommes épars,
De sentir leur détresse dans leurs yeux qui s’égarent
Qui cherchent dans le vide un peu de bonté humaine,
Une quête de salut qui restera vaine.
On voudrait leur donner ce qu’il est possible de donner,
Un peu de bonheur ; beaucoup de notre temps,
Revenir en arrière et briser le passé
Qui a fait notre terre un cercueil pour vivants.
Alors on espère un sursaut de nos guides,
De ces hommes qui sont là pour aider d’autres hommes ;
On voudrait que l’on ait tous un toit pour dormir,
Un moment de répit, une raison de sourire.
Alors on espère que nos âmes soient moins vides,
Qu’elles soient plus ouvertes à l’appel des autres hommes.
On voudrait que le bonheur soit lui, universel,
Pour chasser ce regard qui condamne sans connaître.
Pourquoi alors vivre, pourquoi alors naître
Si notre seule raison d’être est celle d’être en vie ?
On doit sentir ce souffle qui chauffe nos cœurs,
Et nous conduit vers l’autre pour notre propre bonheur.
L’hiver doit être comme l’été.
Plus de cœurs solitaires,
Plus d’êtres mal aimés
Plus aucune misère.
L’homme doit être pour l’homme son sein maternel,
Et doit tendre à chacun une main fraternelle.
C’est la rage des hommes qui rêvent leur destin,
Oubliée cette haine, oubliés ces remords,
Qu’on ne nous prenne plus jamais à pleurer sur nos morts.
Ce n’est pas un devoir que de se sentir humain,
C’est avoir du bon sens et un peu d’humilité.
Repoussons cet argent qui gêne nos desseins,
D’un monde plus juste, plus sain et plus gai.
C’est la fibre maternelle qui tissera notre toile,
La paix sera la mer, l’amour notre voile,
Voguons tous ensemble vers un monde sans loi.
Tremble misère !
Nous te mettrons aux fers !
Nous serons tous présents et crierons d’une seule voix :
Les gens de l’argent, tous les peuples de la terre
Doivent s’unir aujourd’hui, pour une œuvre éternelle,
Bannir à jamais une misère cruelle
Et construire tous ensemble notre second millénaire.
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